Propos recueillis par Canoline Critiks
Victor Sasportas, à la frontière de nouvelles affluences.
Comment est née l’idée de votre série sur les foules?
Après avoir longtemps reproduit mes souvenirs de bateau, de mer, puis avoir travaillé sur des compositions plus ou moins figuratives, je me suis orienté vers un travail plus abstrait et plus humain, mettant en scène des personnages, des rassemblements.
Dans cette série, chaque personnage semble avoir une expression différente, et s’exprimer ou s’orienter vers une destination.
J’ai cherché à donner une dimension intime et unique à ces personnages – qui ont certainement des points communs – en observant au quotidien ce qui me fascine; les attitudes, les gestes, les surprises et les “incontrôlés” de la vie.
Le sujet est inépuisable, il m’inspire encore à chaque instant.
Vous évoquez, dans cette série, l’idée de territoires et de frontières
Oui, les personnages sont réunis sous une certaine affluence. Les limites du groupe se dessinent naturellement créant une frontière imperfectible et contrastée. Certaines couvres évoquent les frontières géographiques d’un pays comme la France, d’autres sont issues d’un imaginaire fantasmé. Ce sont les lisières de terres inconnues; un nouveau monde, mais non moins symbolique, peuplé d’individus bigarrés et unis pour ses ressemblances comme ses différences.
Votre empâtement est travaillé par aplats plus ou moins géométriques qui tendent vers l’abstraction, une véritable marque de fabrique?
L’abstraction suggère des réalités parfois à la limite de la figuration et permet à chacun de pouvoir interpréter, imaginer, s’évader. Ma démarche artistique abstraite se situe dans une structuration de formes géométriques. C’est en quelque sorte mon écriture, sans excès. Elle enferme mon imaginaire et ma sensibilité.
Les empâtements témoignent, au départ, de mon envie de tout refaire tout le temps. Je cherche sans cesse la perfection, celle qui par définition est inaccessible et qui donne encore plus d’intensité à mon travail. Cette intention de donner aussi un maximum de densité et d’éclat à la couleur.
La couleur est effectivement au centre de votre oeuvre.
La couleur est partout! Elle apporte la lumière, la vie, la joie, l’émotion, la liberté… Comment s’en passer? Elle est effectivement au centre de mes travaux, peut-être parce que j’aimerais qu’elle entre chez tout le monde.
Qui sont vos maîtres aujourd’hui?
La liste est longue. Je citerai plus particulièrement, pour leurs chefs d’oeuvre et leurs parcours, Nicolas de Staël, Paul Klee, Edouard Mannet ou encore Gustave Courbet.
J’ai beaucoup appris avec eux, ils me fascinent toujours autant. J’ai également une grande admiration pour Jean-Michel Basquiat et Keith Harring, des contemporains partis trop tôt. Sans oublier mes influences architecturales, très présentes dans mes oeuvres. L’architecture est une autre passion, qui me rapproche parfois de Vieira Da Silva et en particulier du mouvement paysagiste abstrait.